À l’orée du lendemain

Le relevé météorologique du 31 décembre 2020 a été le dernier du bocage ornais envoyé par la poste à Météo France. Seule reste la station automatique de Flers qui émet sans que personne ne vienne la consulter. Les yeux sont rivés sur l’écran tandis que dans le ciel, continuent de passer les nuages. Personne ne collectera la fraîcheur d’une matinée qui s’écoule dans le creux de la rivière, ni le frisson des jonquilles dans les sous-bois, ou la caresse du soleil sur l’épi d’un blé. Dans le bocage, certains marchent à l’orée du lendemain. Car là où le temps des hommes est aussi celui de la terre, ces derniers ont entendu le murmure des bouleversements de notre climat.

À l’orée du lendemain propose un temps de latence, quelque part sous une lumière crépusculaire où l’on ne sait plus bien si le jour se lève ou s’évanouit. Comme à la poursuite du temps qui s’écoule, qu’il s’agisse de celui du ciel ou celui de la terre, les images explorent les battements de vie du bocage, les luttes organiques qui s’y construisent et nourrissent l’imaginaire de nos devenirs. Entre observation naturaliste et collecte d’archives météorologiques, cette série est le prélude d’un récit familial intimement lié à la météorologie et à la mémoire.

2022

Vue de l’exposition « Avec la terre en héritage » à l’Estrade (Athis-de-l’Orne), 2022